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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/101

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L’HOMME

Et il s’écarta, disant :

— Cela ne m’empêche pas de prédire, messieurs, que si la noce danse à Paris, les pourpoints de bal seront rouges.

La reine avait écouté chacun. Résolue par mains levées à ce funeste mariage, mais sourdement remise en crainte, elle abandonna Pau, escortée du ban et de l’arrière-ban, camarades de cœur d’Henri : Ségur, Larochefoucauld, Piles, Lavardin, La Noue, Pardailhan. Et cette « route » vint loger à Blois où le prince gascon, malgré ses dix-neuf ans candides, procédait à ses besognettes aux alentours de sa fiancée.


Un peu avant le contrat marqué 10 avril, un soir de lune qu’ils se promenaient dans les jardins du château, ils interrompirent leur marche pour humer le jeune printemps, et confidencèrent à leur habitude, bouche à bouche :

— Mon souci.

— Mon bien, vous n’êtes donc plus chagrine et dépiteuse ?

— Je vous querellais tout à l’heure, mais les astres si beaux à voir m’ont remise en désir d’aimer. Respirez ces buissons, Henri, le vent ý haleine le cœur des fleurs.

Comme elle s’appuyait à son cou, il sembla au prince qu’il avait une rose à l’épaule.

— Vous avez raison ; au fait d’amour babil est peu, et puisque nos cœurs s’aisent ensemble,