Aller au contenu

Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
L’HOMME

gorgerette, que vos beaux cheveux, fil à fil, je détorde en vous contemplant. Si vous saviez comme il vous aime, le Gascon, oui, si vous saviez, vous diriez un psaume. Il a beau sentir l’arquebuse ; malgré sa simplesse et son goût des armes son grand cœur s’enchante, lorsqu’il vous voit, comme le bourdon de Sorbonne et Orphée le ménétrier. (Il l’adorait des mille lumières de son regard) Mais déjà vous n’écoutez plus… Vos pensées sont-elles à moi ? La lune brille, demeurons. Les astres, cria-t-il, sont au commandement de ceux qui aiment ! pressez-moi jusqu’à l’ouverture du jour entre vos deux bras repliés. (Le prince s’étendit dans la robe de Marguerite) Vos mains… vos doigts mignots… Qu’y a-t-il dans votre boursette, mie : jolies choses ?

Il voulait éterniser l’heure.

— Mais, dit-elle en tirant la chaîne, ce qu’y portent communément les femmes ; ouvrez.

— N’ose.

Frivole, avec des souplesses de couleuvre, elle vida la bourse dans les mains du prince.

— Une pièce d’or ! deux ! trois ! cria-t-il. Vous êtes plus riche que le Béarnais dont est légende « rien en recette, tout en mise ». Quoi donc laissez là tomber ?

— Une aiguille.

— Et son fil. C’est bon à vous, murmura le prince, le travail agrémente un cœur.

Il fronça le sourcil.

— Qu’est ce message ?