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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/141

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L’HOMME

peron plongé, le roi lançait sa casaque, sa cuirassine, ses mailles, ses gilets de buffle. À droite, à gauche, reculants, les arbres glissaient en arrière, fantômes, comme pour aller prévenir Spalungue, les piqueurs, la chasse. Il semblait au Gascon qu’il allait être ressaisi, poigné au cou, que l’haleine d’un garde fumait déjà dans son dos. Le turc, ventre en sang, volait sur terre, sautait les roches, les mares, crevait les buissons dont les fouets d’épines déchiraient le roi renversé. Sous la vitesse du galop, les choses fantastiquement rayées se transformaient en souvenirs. Les quatre hommes, bientôt, virent la fin des arbres, se dressèrent. Crispé sur l’arçon, égorgé de vent, tête biaise, le roi s’effila du bois, la barbe fendue, la bouche violette, les cheveux en l’air, fou de liberté, d’espace, de campagne ; et avant d’entrer dans le plat pays, soudain, apporté par la longue haleine d’un vent de bise, il put encore entendre, mi-tourné, la rumeur connue et dangereuse : les sonneries agonisantes, le hurlement vague et les minuscules sanglots des chiens qu’il compara, raide d’épouvante, mais pressé, fuyant et galopant plus fort, à la désolation de sa maîtresse,


… comme si l’amour, lui aussi, pleurait d’avoir perdu sa proie.