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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/159

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LE CAPITAINE

— La guerre ! criaient les enfants. À cheval ! La bataille !

Les salles du château résonnaient de belle jeunesse. Les vieilles, du fond de leurs fauteuils, près des âtres, ouvraient leurs yeux ternis, regardaient le roi, les enfants, souriaient comme à un souvenir et se rendormaient.

— Les enfants sont devins, concluait le roi, et ce qu’ils chantent au foyer se connaît bientôt au moustier. Armez-vous.

Ceux-là étaient les irrésolus, il finissait toujours par les vaincre. D’autres, quoique vaillants, opposaient leurs amitiés de cour. Quelques-uns avaient joué à la paume ou à la quintaine avec les Guise.

— Nous battre sous vos ordres, ce serait boire à tous gués.

— Je vous déchargerai près de Mayenne.

D’autres encore étaient catholiques.

— Ô bé ! je le sais. Mais souvenez-vous des rudes paroles de saint Paul : « Seuls les ivrognes, lâches, voleurs, médisants, avares et impudiques ne posséderont pas le royaume de Dieu. » Pour qui serait-il alors, sinon pour les braves ! D’ailleurs, j’ai des indulgences romaines établies en blane, vous en aurez dans vos fontes.

Tant de rais de soleil éclairaient ces yeux ! C’était si amènement dit qu’on s’exaltait à cette voix joyeuse, pleine et saine, qui roulait les mots comme un gave. Mais une fois qu’il était parti, les uns et les autres réfléchissaient. Charme rompu. À peine, ayant dit bonjour, n’étaient-ils qu’un léger