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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/165

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LE CAPITAINE

Cent cinquante lances suivaient leur compagnie.

Les arquebusiers à cheval ou dragons, plantés sur leurs limousins souples, étaient armés de corselets, bourguignottes, manches de mailles, d’une arquebuse de trois pieds qu’ils portaient en gaine et du pistolet. Ils avaient des armes de main gauche, scies, dagues, et une bandoulière à fourniment d’où pendaient la poire à poudre et la flasque aux balles. C’étaient les plus utiles soldats. Ils servaient à entamer la bataille, à couvrir la retraite. Fallait-il tirer ? ils sautaient à bas des montures, se faisaient d’un coup fantassins. Outre leurs armes, ils portaient avec eux des cordes et des chaines pour lier leurs chevaux et les transformer en obstacles. La tactique les avait adjoints aux piquiers.

L’infanterie, épaisse, tortueusement dégauchie, courte de taille, de même que la cavalerie avait été levée à frais humbles dans les campagnes du Sud. Tous les hommes étaient de pauvres paysans, misérables enrôlés par faim et amour. Et à voir leurs yeux de demoiselles, leurs cous de hérons, leurs grands nez beccus et simplets, aucun n’eût voulu croire qu’ils allaient passer les héros antiques.

Les deux compagnies de piquiers, coiffées de morions, s’ornaient de corselets garnis de brassards et de demi-tassettes. Rangés en bataille sur front de treize, ces soldats redressaient leurs piques de dix-huit pieds, comme une forêt en hiver.