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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/166

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LE ROI

Les capitaines et lieutenants portaient la demi-pique. Et devant, à vingt pas l’un de l’autre, les deux tambours-colonels attendaient avec leur bâton de trois pouces, le fifre prêt. Cette bande sentait la guerre, c’est-à-dire la discipline, l’ordre, la simplesse d’idées qui sont à eux trois le vrai courage.

Les arquebusiers à pied, rangés à la droite, montraient semblable ordonnance. Couverts de morions jusqu’à la racine du nez, ils avaient une main sur leur arquebuse à croc, l’épée courte au flanc, la rondache de fer à l’autre bras. Quelques-uns portaient aussi des épieux, fauchards, couteaux d’assaut, le fourniment pendu à un baudrier. Chacun, net et paré, avait sur lui ses six brasses de mèches, une livre de poudre et trente balles. Les yeux de ces soldats, grands ouverts, semblaient profondément tranquilles.


Tout à coup, la foule s’émut. À gauche, du côté de Saint-Caprais, un bruit monta de galops fougueux et d’acclamations ! Les cloches tintèrent le grand branle. Le soleil, demeuré voilé, se leva, recouvrit la ville d’un manteau d’or. Et annoncé par les tambourins des piquiers, suivi à la course de sa cornette de jeunes nobles, le roi parut !

Ce qui soulevait le peuple et dressait d’amour ses dix mille bras orgueilleux, ce qui arrachait les larmes des femmes et secoua d’étonnement, du premier soldat au dernier, la Garde Gasconne, c’est que le Béarnais, emporté en avant de sa