Aller au contenu

Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
LE CAPITAINE

vaste clameur jaillit des casques, la haine venta de nouveau, et poussés les uns sur les autres, féroces, poitrails à poitrails, comme s’ils équarrissaient des charpentes, les soldats se remirent à estocader. Pantelants et suants, ceux de Cahors juronnaient « Non, de pardieu ! nous ne nous rendrons pas ! » Mais l’exemple de leur gouverneur qui blémissait à mesure les intimida, et Navarre, en moins de quatre heures, au son des tambours qui battaient la marche française, les mena tuant à la Cathédrale. Le soir, ils avaient perdu un second quartier. Dans les rues conquises, on voyait force gens à terre. Mais une lassitude, déjà, ralentissait les attaques. Les bruits du fer, discontinus jusqu’alors, se firent peu à peu moins lourds, s’espacèrent à la nuit tombante. On monta mollement aux barricades. Rosny, frappé d’une grosse pierre et blessé d’une balle à mi-cuisse, s’était écarté pour manger un peu. Tandis que la bataille continuait, d’une poignée d’hommes contre une ville entière, des soldats chancelants quittaient leurs escouades et s’allaient reposer au milieu du feu « en s’appuyant debout contre les boutiques ». Deux autres quartiers furent pris cette nuit même. Henri que rien ne lassait déshabilla une gousse d’ail, en frotta son pain et l’avala tout haletant, une botte sur la garde de son épée. À l’aube, les jambes raides, il reprit la selle. Une foi sauvage métallisait son cœur. On lui dit que la compagnie d’Herrebouc s’était rendue par la fatigue. « Il ne faut jamais s’excuser d’un échec sur les soldats,