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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/202

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LE ROI

d’un souffle. D’Aubigné penché vers le roi traduisit ce pâle chuchotement.

— Mauvaise nouvelle, sire : M. de Verduzan ne peut plus monter.

— Ventre-Saint-Gris ! Et où en sommes-nous de notre voyage ?

— Environ moitié.

Ce fut au roi de frémir.

— Nous allons faire carême sur cette corde, grommela-t-il. Mais tâchons au moins de sauver le moule de nos chemises. (Il se haussa) Écoute, d’Aubigné, faut dire à ce Verduzan qu’il fasse encore un effort, que j’ai rejeté du pied le pont de barriques et que le salut de tous est en l’air. S’il ne peut, malgré l’injonction, se porter plus haut, que M. de Brasseuses qui se trouve au-dessous de lui franchisse son corps. Passe.

— Bien, sire. — Rosny ! fit doucement d’Aubigné.

— Hai ?

— Sa Majesté a repoussé la passerelle. Nous sommes donc sur vingt pieds de boue, et la santé des uns et des autres est dans le combat sur la tour. Si Verduzan ne peut bouger, que Brasseuses monte donc dessus, ainsi que nous autres. Passe vivement.

La nouvelle funèbre s’élança, et le long de la corde, dans l’obscurité, d’énergiques morbieux rálèrent.

— J’en ai la chair moette, souflla Rosny. Instant haletant, la corde ne bougeait plus.