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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/208

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LE ROI

— La poule à ma tante ! nargua le roi, et après ?

Ce ne sont, dirent Clermont-Gallerande et La Trémouille, que gens d’armes de satin et soie.

— En panaches par le visage.

— Pourpoints brodés.

Le Gascon riait.

— Quels dits bavardez-vous là ! Ignorez-vous que la faveur, l’aise et le luxe des cours rendent les soldats plus efféminés qu’héroïques. (Il montra le camp bourdonnant) En face des paladins qui s’approchent, j’ai bon espoir, moi, dans une armée saine de cœur comme d’esprit qui dédaigne aux batailles les ornements qu’on met aux salons, s’habille de buffle et d’airain et ne prise à la guerre que la parure des victoires !

— Sire, dit Condé, vous avez toujours le bon mot ; mais si vous n’y mettez ordre, les actes cette fois s’en iront au rebours des mots. Je viens d’inspecter les troupes, elles murmurent.

— Que veulent-elles ?

— Nos batteurs d’estrade leur ont dit que l’armée de M. de Joyeuse était de vingt-cinq mille hommes, que vous n’en aviez que cinq mille, et que vous seriez battu de ce fait ; c’est la cause des mutineries.

Inquiet, l’oreille ouverte et piquant son cheval d’un talon nerveux, le roi passa dans les compagnies. À sa vue, silence.

— Cette paix subite ne présage rien de bon, murmura Condé.