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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/214

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LE ROI

temps, l’armée tournait. Juin le fit triste : s’il pleut un 19, gare aux blés ; fit la fête des moissonneurs, et leur mit en juillet la faucille aux mains ; puis le Lonlenlas, fatigué, songea pour lors à madame. La Saint-Laurent d’août survenue, ressaisit la selle, entra au château, vint à sa vieille chatte, et malgré qu’elle eût les dents croches, l’embrassa en bouche, disant : « Je me suis absenté des guerres où maintes fois, pour l’amour de vous, j’entendis le tip tap sip sap de la mort ; oh ! les belles batteries ! » De quoi, vous le pensez, mentait effrontément par la gorge ; mais ce qui n’est vu n’est point su. (L’armée commençait à rire) Pendant ce temps, là-bas, en Allemagne, l’aile droite continuait toujours à marcher. (Les hommes rirent tout à fait) Or bien ! mugit le roi que ce conte égayait lui-même, M. de Lonlenlas qui n’était point homme à façons sortit de sa demeure à la Saint-Michel pour continuer sa visite, car l’air était beau et septembre est le mai d’automne, fit semer dans le mois suivant, dès le 4, pour avoir grains drus, assista aux lessives qui ont lieu en cette quinzaine, et y fit buer ses mouchoirs car il éterniflait à mort. Et donc, les charrues rangées, repassant en lui le trajet de ses bataillons, car faut dire que l’armée lointaine, sans cesse, exécutait son mouvement, il pensa soudain au départ, et comme il avait encore plusieurs fermes, ressema du blé, goûta le vin de novembre, mit les fruits en resserre, et à la Sainte-Luce que le jour croit, dit-on, d’un saut de puce,