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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/290

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LE ROI

naguère du plateau de Saint-Cloud, quelque temps avant la mort d’Henri III.

— La ferme, murmura-t-il, est voisine encore des batteurs, mais ce n’est pas le jour d’engranger ; avertissons-la seulement.

L’épée à la main, en quelques heures il emporta les héroïques faubourgs du côté de l’Université : Saint-Victor, Saint-Germain, Saint-Marceau, Saint-Michel, Saint-Jacques. Éperdue sous ce foudroiement, sans chefs, sans troupes régulières, la ville se défendit fort et dur, et le roi hésitait à lancer une autre escalade lorsque tout soudain, galopant le pont Saint-Maxent qu’on avait oublié de rompre, Mayenne fit son entrée dans Paris. Il ne rencontra de l’armée royale que l’écho d’un rire moqueur : le Gascon patriote à qui répugnait un siège en règle était déjà loin.

— Je sais à un écu près, disait-il à ses capitaines, ce que vaut la vie de mes Parisiens, lesquels sont deux fois Français, étant la tête.

— Voilà quand même un très bel atout perdu, dit d’Aubigné.

— Non, réfléchit le roi, je laisse Paris livré aux ambitions des ligueurs, aux menées du roi d’Espagne, des ducs de Savoie et de Lorraine qui prétendent ensemble à la couronne. Le malheur abattu sur les Parisiens, malmenés comme bois de forges, les rejettera dans mes bras au moment précis que je les tendrai. La ville est pleine de factieux ; y a là-dedans plus de paille que de grains, faut attendre. (Poussant son cheval) Mais