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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/291

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LE ROI

comme il n’est rien pire que l’oisiveté, accourons dans l’Ouest forcer quelques villes.

Il saisit Etampes le lendemain.

— Au cœur du royaume ! s’écriait-il. Qu’on me voie ! Qu’on me craigne ou qu’on m’aime, c’est à choisir !

Il marchait bon train comme en Normandie, se présentait aux cités, campait devant les murailles et laissait voir ses canons. Une heure pour réfléchir, pour peser la paix ou la guerre, lui ou l’Espagnol. Si les habitants le réclamaient, il venait à eux, poussait la porte de leur ville et allait dîner ; mais si, trop catholiques, ils voulaient la lutte, le Gascon devenait soldat, et la terre et le ciel flambaient à son signe !

— Fallait-il tant tournoyer pour venir tomber si près ? raillait-il ensuite aux vaincus. Qui vous a mutinés contre moi qui suis un brave homme ?

Les gens de Sablé dirent : c’est la religion. Ce sont nos femmes, murmurèrent ceux de Laval.

— Or bien ! rit le roi, elles m’aimeront mieux l’année qui s’avance ! C’est égal, reprit-il, la sagesse du peuple enseigne qu’ « une femme, une chèvre et un puits sont pour tout gâter un pays », j’en aurai mémoire au besoin. Passez-moi les clés.

L’Ouest, à mesure, se tournait à lui. À travers mille milliasses de difficultés, il continua son grand trot, assaillit les villes comme un amoureux, par leurs corselets de bastions, violant leurs bou-