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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/292

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LE ROI

levards ou les embrassant à pleines rues, et criant à ceux qui s’émerveillaient :

— Mon travail n’est point un miracle : agir est comme respirer ! Quant à la hardiesse de mes courses, balancez mon œuvre dans vos consciences et dites-vous que les vrais soldats sont toujours les derniers à vouloir la guerre, mais sont les premiers à l’exécuter. N’y a que les paresseux qui ont envie de faire quelque chose !

Alençon, Le Mans, Falaise, Château-Gontier tombèrent dans ses fortes poignes. Il remit leurs maisons en ordre, nettoya leurs foyers du mauvais esprit de la Ligue, et courut ailleurs.

Lisieux tomba également, puis Pont-Audemer, puis Pont-l’Evêque. Comme en sa campagne normande, il y eut bien par là quelques bons bavards qui voulurent faire discours, mais il les prévint :

— Repliez vos langues prédicatoires ! N’est plus temps de parlementer, il le fallait faire avant mes canons. Voyez vos murs écroulés ; au lieu d’exposer la vie de vos habitants, que n’avez-vous fait comme les Toulousaines qui, le soir venu, pour mieux faire entrer leurs, amants, glissent les clés sous la chatière !

Bayeux et Honfleur suivirent. Il traversait les rues, inspectait les remparts et places en bon ménager.


— Goutte à goutte s’emplit la cuve, disait-il à ses deux secrétaires, j’aurai bientôt à moi tout le royaume.