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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/310

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LE ROI

— Vous avez fort belle tenue, messieurs, dit le roi en les parcourant.

Il admira les écharpes dont les teintes vives ou mortes s’empressaient sur le cœur usé des vieillards comme au sein bondissant des jeunes, et sourit.

— Monsieur de Pouydraguin, dit-il, faites-moi l’honneur, je vous prie, de porter ma plus chère souvenue à la baronne.

À son passage, muet, chacun s’inclinait en selle ; il levait un peu son chapeau.

— Mettez-moi aux pieds de votre mère, monsieur d’Urgosse. Et vous, monsieur de Vielcapet, votre femme veut-elle toujours entrer en religion ?

— Hélas…

— N’est homme ni dame où n’y ait un si ; entreprenez-la au retour et faites-lui enfants, elle oubliera le ciel. — Comte d’Etchebar, je lis sur votre écharpe la devise des Faudoas, vous aimez leur fille, paraît-il ; morbieu ! je la connais bien, faudra l’épouser après nos batailles, c’est une belle marque de maison qu’une belle femme ! — Monsieur de Tuzagnet, monsieur de Castres (il les désignait en les saluant), monsieur de Maulichères, Chevalier d’Herrebouc, monsieur d’Armentules, je vois des noms sur vos poitrines qui me remémorent vos amoureuses. (D’un rang à l’autre, il les flattait tous) Marquis de Cazaril qui aimez encore à soixante-cinq ans, votre Dame du fond du cœur m’est connue, n’y a qu’elle pour porter