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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/359

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LE ROI

nation ! (Une lampe illumina l’homme, il eut l’air d’un saint) Poussières qui l’empestent, sang qui la souille, rongeurs qui la désolent, vermines qui l’obstruent, j’ai le remède et je l’apporte ! Pauvres gens de France mes frères, n’étouffez plus dans la demeure et après vingt ans de prison respirez la vie ; je suis celui qui ouvre les fenêtres !

Le geste balayeur de la main du roi dispersait des choses invisibles, et sa gauche s’étendait, bénissante, tandis que quatre visages rapprochés et bas mouillaient de larmes sa manche usée.

Ce soir-là, le plan de l’ouvrage[1] fut arrêté entre les quatre hommes. Gillot entreprit le Légat du Pape, Rapin l’Archevêque de Lyon, Pithou Claude d’Aubray, et Chrétien le cardinal de Pellevé. Tous les ennemis du Gascon, la Ligue, Mayenne, le parti des moines et leurs alliés étrangers y étaient sinistrement mis à nu. Rien ne résiste en France à la satire. Par son secrétaire, le roi surveillait ces pensées en marche. Quand fut terminé le chef-d’œuvre, il sourit, attendant le moment propice pour lancer à travers le monde ce magnifique cri de révolte ; et une main sur ce livre qu’il tenait prêt comme une arme, il reprit sa route en avant.

  1. Satire Ménippée.