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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/107

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Nous assistâmes le lendemain au châtiment des deux complices. Je n’avais jamais vu donner le knout que le bourreau infligeait au coupable devant les serfs réunis. C’est un affreux spectacle. Ici ce ne fut pas le bourreau, ce fut la boïarine qui fouetta l’homme, et le boyard qui donna les verges à la fille, après que les deux complices, se fussent fouettés mutuellement.

Tout le personnel employé au château assistait à l’exécution car ce fut une véritable exécution. Les deux coupables étaient complètement nus, et paraissaient consternés, connaissant le sort affreux qui les attendait. Les deux amies entouraient la maîtresse, confortablement assise dans les fauteuils moelleux. Les jeunes maîtres assis à côté l’un de l’autre avaient les yeux fixés sur le théâtre du châtiment.

Yvan, un beau gaillard blond de vingt ans, bien découplé, et surtout bien chevillé au dire de quelques-unes de mes compagnes ouvertes, qui avaient eu affaire à lui, plus chanceuses que cette pauvre Léna, qui allait payer bien cher le plaisir qu’elle avait retiré de ce bel outil de joie. Elle avait mainte-