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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/143

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Mina, malgré les faveurs dont la comblait le jeune barine, ce dont elle paraissait aussi fière qu’heureuse, se livrait à sa passion pour son amie avec une ardeur sans égale. Rita lui rendait sa ferveur avec usure.

La gouvernante jusqu’ici n’avait pas pu les surprendre, bien qu’elle les soupçonnât de quelque chose. Elle faisait des rondes de nuit, marchant sur la pointe des pieds, glissant doucement sa main sous les draps, la portant brusquement sur le corps du délit. Les deux dormeuses prenaient la précaution de s’écarter avant de s’endormir. Aussi n’étaient-elles jamais prises en flagrant délit, elles se réveillaient en sursaut à ce contact imprévu.

Par une chaude nuit d’été, elles avaient repoussé le drap de dessus et s’étaient mises à deux de jeu, ce qu’on appelle je crois tête bêche dans votre pays. Dans le divertissement les deux amies se réjouissaient de compagnie. Elles avaient dû poursuivre le duel, en intervertissant les rôles, jusqu’à extinction de chaleur vitale, sans doute, se reposant avant de retourner la feuille, et