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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/182

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voulais pas tâter de ceci. Elle me montrait l’instrument de torture qui s’étalait sur sa table à ouvrage.

Comme je ne connaissais pas la rue, je dus m’informer. Je trouvai assez vite la maison, et une fois servie je revins en courant, comptant bien avoir évité par mon zèle, la correction promise en cas de retard. Mais madame me dit :

— Qu’as-tu donc fait, Mariska ? Tu t’es amusée à regarder aux vitrines. Je vais t’apprendre à lambiner, quand on t’envoie en course.

Je regardai la maîtresse s’avancer, la nagaïka à la main, surprise qu’elle m’eût parlé ainsi, quand elle pouvait voir à la palpitation de ma petite gorge naissante que j’avais dû courir. Elle me troussa lestement, elle trouva mes fesses en moiteur, indice certain que je m’étais hâtée.

— Parbleu, si tu as couru, c’était pour rattraper le temps perdu.

Et la nagaïka tomba retomba sur mes pauvres fesses en sueur, ce qui rendait les cinglées plus cuisantes. Elle m’en appliqua comme cela une douzaine, qui me mirent