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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/193

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première fois que j’y étais conduite, et pour une faute imaginée. Madame troussa Nadine et présenta à la marquise les fesses nues de la jeune fille, qui saillaient très rebondies, couvertes d’une peau veloutée comme celle d’une pêche vermeille d’un rose tendre.

À la première envolée les cordes retombèrent avec un bruit sec sur la peau tendue. Je devinai à la façon dont la marquise maniait la nagaïka, que celles qui passaient par ses mains ne devaient pas en sortir souvent sans quelque égratignure.

Elle appliquait les coups espacés, brandissant les cordes, leur faisant faire deux ou trois tours dans l’espace pour les envoyer avec plus de force. Les nœuds s’enfonçaient dans les chairs, laissant des marques rouges, les fesses grimaçaient affreusement sous ces terribles cinglées, et Nadine, qui pourtant était très endurante, ne cessa de sangloter, et de pousser des cris déchirants arrachés par la torture que la marquise lui infligeait avec le plus grand sang-froid et un air de profond contentement.

Ce supplice dura dix minutes. La fouet-