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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/194

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teuse n’avait pas appliqué plus de cinquante coups de cordes, mais avec une telle habileté, guidée par la férocité qu’on lisait dans ses traits, que les pauvres fesses rondes étaient entamées en plusieurs endroits, et la pauvre fille geignait toujours. L’aspect lamentable de ce beau postérieur, tout à l’heure si luisant avec son velours de soie, était vraiment pitoyable ainsi détérioré, et la fouetteuse semblait se délecter à ce spectacle affligeant.

Je craignais que ce bras redoutable n’entreprit la danse de mes fesses. Je la vis s’asseoir dans un fauteuil, savourant les dessins qu’elle venait de buriner sur la chair palpitante. Le tableau vivant resta exposé pendant que madame me troussait et m’appliquait trente coups de cordes, qui me firent chanter tout le temps et jouer des fesses, bien malgré moi.

Je croyais que c’était fini ainsi. Mais la marquise se leva de son fauteuil, vint prendre la nagaïka des mains de la modiste, en me disant que mes fesses seraient jalouses, si elles n’avaient leur compte. Elle ne m’appliqua qu’une demi douzaine de coups de