Aller au contenu

Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 42 —

cuisait horriblement. Elle m’en appliqua une demi douzaine.

L’essayage interrompu recommença. J’avais des larmes dans les yeux qui formaient un vrai brouillard, qui m’empêchait d’y voir pour la tâche qu’on m’avait imposée. Alors la patronne me troussa de nouveau, et la marquise m’appliqua six nouvelles cinglées, qui venant se greffer sur les premières produisirent ce picotement qui ressemble à des piqûres d’épingles dont parlait l’ouvrière fessée. Voyant que je ne pouvais plus rendre le moindre service, on me fit agenouiller devant une chaise, toujours troussée, les genoux sur le parquet.

On me laissa là, pendant les deux heures que dura l’essayage. Les genoux me faisaient un mal atroce. Comme mes fesses faisaient de temps en temps des mouvements d’impatience, on venait m’appliquer deux ou trois coups de nagaïka. Pendant ces deux heures, les trois ouvrières qui étaient occupées à l’essayage, eurent l’occasion d’être troussées par leurs compagnes et toujours fouettées par la marquise. Je ne voyais rien, mais j’entendais le bruit mat des cordes en