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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/222

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Après avoir monté un large escalier, que je grimpai la mort dans l’âme, on nous introduisit dans une salle éclairée par dix lustres, qui jetaient autour d’eux une clarté éblouissante. Mon premier regard fut pour une grande fille inclinée sur un prie-dieu, troussée jusqu’à la ceinture, les fesses et les cuisses nues, qu’une femme de haute taille fouettait avec une nagaïka, qu’elle appliquait avec un art consommé, frappant avec une force redoutable. La fille qu’elle fouettait ainsi gesticulait et se tordait, manifestant par des sanglots qu’elle devait joliment sentir la cuisson.

Je m’étonnais qu’avec de pareils soubresauts elle ne renversât pas le prie-dieu, et que ses dessous dans cette inclinaison du corps ne retombassent pas. Parbleu tous les prie-dieu qui étaient là, comme d’ailleurs tous les lourds fauteuils, qui servaient d’échafaud, étaient vissés au parquet, et munis de tout ce qu’il faut pour ficeler la coupable ; je m’en aperçus quand on attacha la seconde, car on ne délivra pas tout de suite la première.

Les lustres éclairaient de leur vive clarté