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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/244

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Cinq minutes après, on vit entrer une dame masquée, la figure entièrement couverte d’un loup de velours. Seule je la reconnus à sa jupe et à son corsage qu’elle mettait pour la première fois, et qui avaient été confectionnés à l’atelier. Personne que moi ne lui connaissait ce costume de dessous. Elle paraissait plus svelte que sous son manteau qu’elle avait enlevé.

Elle avait aussi changé de coiffure. Mais n’eussé-je pas vu travailler au costume, je l’aurais reconnu à l’opulence de son corsage, et surtout au relief qui bombait ses jupes, qu’elle ne pouvait dérober à mes yeux.

On fouettait la première, une grande fille brune, qui ne devait pas être destinée aux vits bandés, comme disait Tanina, qui la lorgnaient, car la fouetteuse lui tannait le cuir.

J’étais fort étonnée de voir ma maîtresse se présenter ainsi masquée pour que l’on ne la reconnût pas. C’était évidemment pour se faire fouetter. Mais dans quel but ? Moi, si j’avais pu m’en dispenser comme elle, si je n’y avais pas été forcée, je n’y serais certes pas venue de mon plein gré, et je