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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/248

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À l’intérieur se trouvait un monsieur dont je ne pus distinguer les traits dans l’ombre où il se tenait. On me fit asseoir sur la banquette de devant, où je n’osai pas m’appuyer à cause de l’état de mes fesses endolories. Tout le temps de la route le monsieur garda sa main sous les jupes de madame, qui avait la sienne dans la braguette du monsieur.

La voiture s’arrêta sur l’ordre du maître, je dus monter sur le siège entre le valet de pied et le cocher. Celui-ci reçut l’ordre d’aller au pas. Le trajet dura plus de dix minutes. La modiste descendit, moi aussi, et le coupé repartit au grand trots de ses steppers. Le voyageur n’avait plus besoin du pas.

J’étais intriguée par le coupé de maître qui nous avait rapportées. Nous ne tardâmes par à savoir l’histoire.

Un Conseiller d’État d’une quarantaine d’années, un peu blasée, qui voyait la modiste amener presque tous les soirs des jeunes filles charmantes, avait été pris de l’envie de voir le postérieur de la bergère de ce jolie troupeau, pour savoir à quoi s’en tenir