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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/249

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sur la forme et le volume de ce qui causait le remarquable ballonnement de ses jupes. Rien que pour cette exhibition, il offrait la forte somme, comme on dit chez vous. Si la démonstration était probante, il lui paierait ses faveurs le prix qu’elle y mettrait.

La directrice de la maison de correction fut chargée de la commission verbale. La modiste accepta les yeux fermés, et s’offrit à la vue de son admirateur dans la posture qui lui était le plus favorable. On a vu que le conseiller l’avait agréée, puisqu’il l’avait gardée toute la soirée dans une des loges fermées qui sont comme les baignoires grillées dans les théâtres, à l’usage des spectateurs des deux sexes, qui deviennent aussi des acteurs, que le spectacle émoustillant qui se déroule sous leurs yeux entretient dans une verve soutenue. On dit que ces loges ne sont pas pour rien.

Depuis son aventure avec le Conseiller d’État, la modiste, sans préjudice de celles qu’elle conduisait là bas et qui étaient toujours fouettées les dernières, — moi je savais bien pourquoi —, continuait à nous fouetter quand elle passait dans nos rangs.