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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/294

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La direction en était confiée à un vieux général en retraite, aidé dans sa surveillance par une gouvernante d’une quarantaine d’années, qui portait dans ses traits la méchanceté incarnée. Il y avait là, outre des orphelines, des filles de déportés, ou de simples soupçonnées, qui, lorsqu’on les relâchait après une longue détention n’ayant pu faire la preuve, n’avaient pas besoin de s’informer auprès de la mère, quand ils réintégraient le domicile conjugal, de ce qu’était devenue leur fille, et ils n’osaient pas aller la réclamer de peur d’être retenus de nouveau comme suspects.

On enseignait à coudre, à repasser, à faire le ménage. On nous faisait balayer chacune à notre tour, et servir de femme de chambre au vieux général et à la matrone, qui surveillait l’orphelinat. Le gouverneur et la femme obligeaient les filles à les servir toutes nues dans leur chambre, pour que rien ne les protégeât contre la correction immédiate qui atteignait n’importe où.

Les filles de chambre couchaient dans les appartements des maîtres. Quand je dis