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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/319

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était sortie. Elle avait les joues sillonnées de larmes, et marchait difficilement. Elle se dirigea vers l’ouvrière qui avait parlé la première, lui tourna le dos, se troussa, lui mettant sa croupe sous le nez.

— Parbleu, tu viens d’avoir affaire à l’enragée, je reconnais ses crocs. Mais elle t’a mordue jusqu’au vif. Tu as deux râteliers qui saignent sur les douze, — c’est sa dose, sans doute —, qu’elle a imprimés sur tes fesses. Tu as dû la mécontenter cette féroce mégère.

— Non, mais quand j’ai senti ses crocs s’enfoncer dans mes chairs, mes dents se sont crochetées malgré moi, et j’ai mordu son bouton. Elle a poussé un cri de bête fauve, et j’ai senti ses crocs s’enfoncer dans ma chair comme les dents aiguës d’un chien.

— Si tu y reviens, m’a-t-elle crié, j’emporte le morceau.

— Je n’y suis pas revenue. Çà ne l’a pas empêchée, au dernier assaut que je livrais, de me remordre cruellement.

Elle avait des taches de sang sur la chemise, qui provenaient des deux râteliers