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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/388

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L’escadron des débutantes, qui se composait d’une vingtaine d’élèves, marchait au commandement d’une des danseuses gagées, qui les dirigeait, un martinet de cuir à la main, aux sons d’un violon, accompagné d’une harpe. On voyait les fesses se déhancher à chaque pas en avant, repoussant la jupe de gaze à chaque pas en arrière.

Soudain les musiciens se turent, l’escadron s’arrêta, et je vis la plus grande de ces filles se pencher en avant, les jupes prenant la forme d’une cloche à la moitié de sa volée. Le professeur femelle vint lui appliquer six coups de lanières, qui rougirent les fesses qui se mirent à grimacer affreusement. Je ne devinais pas ce qui lui avait valu cette correction. Toutes les lorgnettes étaient braquées sur le contenu vibrant de la cloche, qui reprit l’aplomb horizontal, quand la fustigée eut le droit de se redresser.

Le violon et la harpe reprirent leurs accords, les marcheuses leurs pas cadencés, moi toute mon attention, et les lorgnettes des assistants des deux sexes le point de vue qui les fascinait. Cette fois les mar-