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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/41

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des verges sur la peau tannée et aux encouragements donnés par les parents à la jeune fouetteuse. Tout ça me causait un affreux serrement de cœur.

Quand on délivra ma mère, je ne pus pas constater l’état de ses pauvres fesses qui devaient être joliment arrangées, j’avais toujours un brouillard devant les yeux. Que serais-je devenue, si on m’avait forcée de faire comme une grande fille qui dut fouetter sa mère sous nos yeux ! Il est vrai qu’elle parut se livrer à cet exercice, comme si elle avait eu devant elle le postérieur d’une étrangère.

Elle fouetta sa mère, cette grande fille de seize ans, avec le plus grand sang-froid, obéissant sans sourciller à l’ordre donné, comptant d’une voix assurée jusqu’à trente neuf, appliquant les coup de cordes avec une sévérité que démontraient les fesses qui se tordaient, et les sanglots qui s’échappaient du gosier maternel. Je souffris peut-être plus de voir une fille sans cœur fouetter sa mère sans la moindre émotion, sans le plus léger trouble, qu’en voyant fouetter la mienne.

Pendant cinq ans je reçus le fouet pour