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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/425

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pas s’en apercevoir. Le maître de ballet et la directrice entrèrent sur ces entrefaites pour une ronde de nuit, qu’ils ne devaient pas prodiguer, car c’était la première fois qu’ils le faisaient dans notre dortoir, depuis mon entrée dans l’institut. Minuit venait de sonner. Les deux couples effrayés se cachèrent sous la couverture.

— Oui, oui, vous pouvez vous cacher, je vous promets que vous allez payer cher vos petites saletés. Et toi, Martha, tu sais ce qui attend ton postérieur pour fermer les yeux sur de pareilles turpitudes.

Tout le dortoir s’était réveillé à cette virulente apostrophe. La surveillante regardait les deux couples d’un air effaré, comme si elle ignorait leurs relations, qu’elle connaissait aussi bien que nous. Moi, je ne voyais pas là de quoi fouetter un chat, encore moins un rat.

Les deux couples durent se lever. La directrice mit un martinet de vingt lanières de cuir entre les mains des plus petites. Les grandes filles, qui savaient ce qui leur pendait au derrière, les deux coupables devaient se fouetter mutuellement, durent se pencher