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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/434

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Elles voyagèrent, retombant avec un bruit mat sur les deux globes charnus, assommant la chair à chaque coup.

Par exemple ici les spectateurs en eurent pour les yeux et pour les oreilles. Le gros postérieur bondissait et se démenait furieusement, et la chanson, qui avait commencé dès les premières cinglées, s’accentua jusqu’à la fin, arrivant à l’aigu.

Elle reçut ainsi trente-neuf coups de cordes, assénés avec la même violence, les dix derniers sur les cuisses, mais l’un après l’autre, la fouetteuse alternait les coups. Quand c’était la cuisse gauche, les cordes passant sous le creux s’égaraient dans les cuisses, à la grande hilarité des spectateurs, et au grand préjudice du chat maltraité.

Avec les surveillantes, on ne prenait pas les mêmes ménagements qu’avec nos fesses, non plus que pour le reste, qui avaient chez nous un double emploi, comme vous le savez.

Je dus me coucher toute seule, attendant dans mon lit mes compagnes de dortoir. J’endurai une telle souffrance, que mon énergie m’abandonna, et maintenant que je n’avais plus de témoins, je donnai un libre