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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/457

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Enfin un jour on me dit de faire mes paquets. J’emportai mes vêtements de ville, mais je dus laisser mes costumes de danse, qu’on gardait, quand on renvoyait les danseuses, à l’exception d’un seul qu’on lui laissait emporter.

Un coupé attelé de deux chevaux m’attendait à la porte de l’institut. Le cocher descendit de son siège pour prendre mon petit paquet avec lui. C’était la première fois, depuis cinq ans, que je respirais l’air de la rue. J’en aspirais à pleins poumons.

Je montai dans le coupé, dont les glaces étaient polies, et me permettaient de voir dehors. Je m’en payai de regarder à droite et à gauche, dans des endroits où je passais peut être tous les jours. Il me semblait reconnaître le chemin que nous suivions tous les soirs. Mais où me conduisait-on ?

Le voyage dura une demi-heure. Il me semblait qu’il n’y avait pas dix minutes que nous étions partis, tellement le chemin m’avait paru court avec les distractions de la rue, les magasins, les voitures et les passants.