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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/458

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Le cocher descendit de son siège, monta dix marches d’un perron, poussa un bouton, et revint sur son siège. La porte s’ouvrit. Une femme d’une quarantaine d’années, aux traits durs, qui devait remplir dans la maison les fonctions de gouvernante, parut sur le perron.

Elle descendit les degrés, ouvrit la portière, me saluant d’un signe de tête, comme si elle était muette. Elle prit mon petit paquet, et me montrant le chemin, elle monta les marches devant moi. Elle me conduisit à travers un dédale de corridors à une porte où elle frappa. « Entrez » ! cria une voix mâle. J’entrai, la femme qui m’avait amenée referma la porte derrière moi.

Une homme d’un certain âge était assis dans un fauteuil. Il m’examina des pieds à la tête.

— Mariska, je t’ai achetée à tes maîtres, tu es mon bien, tu es mon esclave, tu m’appartiens, et tu seras traitée comme une serve, tu m’obéiras sans regimber dans tout ce que je commanderai. Je t’ai vue plusieurs fois en scène, où tu m’as parue apte