Aller au contenu

Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/484

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 118 —

Je montai avec elle dans la chambre du saut de carpe, ainsi dénommée, parce qu’il y a un fauteuil à bascule, dans lequel les récalcitrantes passent sous les fourches caudines le plus facilement du monde, surtout avec le costume de répétition avec lequel on n’a pas besoin de trousser la danseuse.

Le maître n’avait pas eu besoin de s’en servir. Les draps étendus sur la couverture témoignaient, que c’était sur le lit que s’était accompli le sacrifice sanglant. Les seaux où l’on avait vidé les rinçures de la cuvette, les serviettes ensanglantées parlaient aussi clairement.

Puisque le fauteuil n’avait pas servi, ils ne reviendront pas. Il n’y a que le premier pas qui coûte, elle a dû le franchir, bien à contre-cœur, mais certainement pour éviter la honte de reparaître nue devant les regards allumés de tous ces paillards, qui se repaissaient de ses hontes nues indécemment étalées, sans compter les gloutonnes qui la dévoraient des yeux.


Vignette typographique
Vignette typographique