Aller au contenu

Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 117 —

ments. Elle reçut plus de cinquante cinglées sur les fesses et sur les cuisses, sans pousser un cri ou une plainte. Toute la partie fouettée était d’un beau rouge vif.

Quand elle se retourna, elle avait la figure empourprée et les yeux pleins de larmes. Cette pudeur peu ordinaire dans une serve surprenait tous les spectateurs.

Le maître ne voulut pas qu’on l’exposât. Il avait une affaire pressée qui l’appelait ailleurs. Sous prétexte de me régler, il me fit venir dans l’antichambre voisine, suivie de l’orpheline et de la femme de chambre. Il me parla à l’oreille, en me glissant cinquante roubles dans la main. Je fis signe que oui, je poussai un bouton en lui disant d’attendre là.

Je rentrai dans la salle de répétition, sachant bien que d’une façon ou d’une autre l’orpheline ne serait plus pucelle dans quelques instants.

Après la répétition qui dura deux heures je m’informai si les locataires du cachot étaient partis. La fille de chambre qui les avait accompagnés me dit que oui, en me montrant un rouble de gratification, que le monsieur lui avait donné.