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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/53

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recommencer jusqu’à complète réussite.

Je recommençai dix fois, toujours avec la même issue. C’était à se désespérer de réussir. J’avais le dessous de la langue pelé à force de frotter sur les dents, quand je me retirai de l’embouchure. La dame devait se douter de ce qui m’arrivait, car elle me renvoya avec une petite tape amicale en me disant.

— Demain j’espère que tu seras plus heureuse.

Je me doutais bien que je lui avais fait plaisir tout le temps. Je pris ainsi ma première leçon de langue dans un terrain un peu défraîchi, j’en ai eu depuis sous mes lèvres et sous ma langue de plus frais, de plus vermeils que j’embrassais avec plaisir, surtout quand la porteuse de ce joli four, d’amour enfournait la sienne dans le mien.

À quelques jours de là, on m’envoya offrir mes services à un conseiller d’État qui était certainement plus près de la soixantaine que de la cinquantaine. J’étais très