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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/75

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Nous savions qu’on allait fouetter la gouvernante, la méchante femme que toutes les serves, qui étaient soumises à sa férule, détestaient cordialement. Et nous nous réjouissons à la douce pensée de l’avanie qui lui arrivait d’être obligée d’exhiber devant nous ses grosses fesses nues, que nous n’avions jamais vues à découvert, qu’on allait fouetter sévèrement et certainement endommager sous nos yeux réjouis d’une pareille aubaine.

La maîtresse la corrigeait toujours en particulier pour ne pas détruire le prestige attaché à ses fonctions en la fouettant sous nos yeux, cette femme qui découvrait et fouettait si souvent les nôtres. Aujourd’hui elle va être fouettée en présence de celles qu’elle tient courbées sous sa férule.

La gouvernante fut amenée, traînée serait plus juste, car elle se débattait furieusement, par deux vigoureux gaillards qui la hissèrent, toujours révoltée, sur l’estrade où elle fouettait les coupables. Elle n’y était jamais montée qu’en bourreau, aujourd’hui elle y monte en victime, un peu par force, mais c’est bien son tour d’y prendre cette posture.