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Page:D. - Mémoires d’une danseuse russe, 1893.djvu/83

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s’enroule en tire-bouchon à la hauteur de l’oreille, en elle les secouait, la tête allant de droite à gauche, à les faire pleurer. Quelquefois c’était par les oreilles qu’elle les prenait, les pinçant dans ses doigts en les secouant. Le plus souvent c’était la pantoufle qui cinglait la joue ou la gorge. Ces deux soufflets d’une semelle de cuir étaient très douloureux.

Une jeune fille à genoux devant la barine lui servait de psyché vivante, élevant ou inclinant une grande glace ronde, qu’elle tenait dans ses mains les coudes repliés, la présentant au gré de sa maîtresse. Quand les bras fatigués refusaient le service, la dame l’encourageait par une gifle qui lui faisait enfler la joue, ou bien c’était la semelle de la pantoufle qui la souffletait ou qui cinglait les seins à découvert. La joue et les seins en gardaient la trace marquée en rouge toute la journée.

La pauvre fille était obligée de tenir la glace ainsi tout le temps que les coiffeuses passaient à édifier la chevelure de la maîtresse. Il était bien rare que la psyché vivante, à moins que ce ne fut une fille vigoureuse, s’en tirât sans recevoir le fouet,