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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/106

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Sa grande joie était de recevoir des lettres de la nourrice ou de lui écrire. Le soir, tranquille au fond de l’arrière-boutique, elle faisait sa correspondance. Ses mains étaient gonflées par le travail et le porte-plume lui glissait des doigts. Elle s’appliquait, cependant.

« Je préfère encore tenir mon balai », avouait-elle.

Louise lui dictait ce qu’il fallait écrire. « Mettez : on vous enverra du petit linge et un colis la semaine prochaine. »

« Oui, disait Renée. J’ai le temps, d’ici là, de finir mes langes ».

Sa patronne, penchée sur elle, lui indiquait l’orthographe et, docile, elle écrivait.

Ensuite, elle prenait sa boîte à ouvrage, et, l’esprit calme et la chair délivrée de tout désir, elle s’asseyait pour coudre auprès de Louise qui lisait le « feuilleton ». De temps à autre, des éclats de voix lui faisaient lever la tête.

« C’est ce grand fou de Kenel qui raconte des histoires, » murmurait-elle.

Elle ne se sentait pas la curiosité de les entendre et se replongeait dans sa couture. Elle était heureuse ; elle vivait en famille avec les