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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/107

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Lecouvreur. Depuis des années elle n’avait pas connu pareil apaisement.

À 10 heures, elle quittait la boutique pour monter à sa chambre. Une chambre accueillante et rajeunie d’étoffes et de dentelles (encore une idée de sa patronne, cette transformation). Vraiment, elle éprouvait du plaisir à avoir un « chez elle », à s’endormir dans des draps frais après un dernier regard sur la photo du gosse…

Les jours glissaient sans ternir son bonheur. Elle travaillait une chanson aux lèvres. Jamais elle n’avait été si active ; ses chambres étaient bien tenues, l’escalier et les couloirs luisants de propreté ; les clients étaient contents de son ouvrage, elle recevait de bons pourboires.

Une aubaine, cet argent, car ses mois passaient tout entiers à payer la nourrice. Bientôt elle eut une petite somme et put s’acheter du linge, des vêtements. Tantôt un corsage de couleur criarde ou une « combinaison », tantôt une robe à volants ou un chapeau enrubanné.

« Vous avez bien les goûts de la campagne, » disait la patronne quand Renée déballait ses achats.