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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/110

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— En voilà une idée, fit-il, déçu. Votre patronne, est-ce qu’elle se refuse un plaisir ?

— Oh ! elle sort presque jamais.

— Mais vous n’avez pas son âge. N’empêche que ce soir elle est au théâtre. Tenez, on reviendra tôt. On joue le Mystère de la Tour Eiffel à Tivoli… Allons, laissez-vous faire.

Depuis longtemps Renée n’avait pas été au cinéma. Sa patronne était absente ; ce soir, elle s’embêtait un peu.

— Tivoli ? C’est bien loin.

— Loin ? Je vous porterai, dit Bernard qui la sentait faiblir.

Elle hésitait. Après tout, c’était une occasion d’étrenner ses vêtements.

— Attendez-moi… Le temps que je m’habille.

— Si vous avez besoin que je vous aide ? proposa-t-il en dissimulant un sourire.

Il alluma une cigarette. Lorsqu’il la vit reparaître, il s’écria :

— Mince ! Vous êtes bien frusquée !

Arrivés à Tivoli, Bernard décida de prendre des loges. « Pour être de face, » expliqua-t-il.

En réalité, c’était pour être seul avec elle. On les fit entrer sans attendre et les gens qui faisaient queue au guichet des « secondes »