Aller au contenu

Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les regardèrent passer. Dans sa robe neuve Renée se redressait, rouge de plaisir ; le linge soyeux qu’elle portait lui caressait la peau.

La salle était bruyante et déjà bleuie par la fumée des cigarettes. Renée, aveuglée par la lumière, eut l’impression que de nombreux spectateurs l’observaient. Bernard lui paya des berlingots. Brusquement, la salle fut plongée dans les ténèbres.

— Est-ce que vous voyez bien, Renée ? demanda Bernard.

Elle le sentit qui se penchait. Il s’était parfumé. Elle lui dit :

— Vous embaumez.

— J’ai un copain qui travaille chez Houbigant, expliqua-t-il. Même, si ça vous fait plaisir, je peux vous avoir un litre d’eau de Cologne à prix coûtant.

Renée ne répondit rien. L’offre lui était agréable. Un gentil garçon, Bernard. Tout de même, il la frôlait de près et cette familiarité lui était presque pénible.

Soudain il chuchota : « Ça ne vous dit rien, ça ? »

Sur l’écran, deux amoureux s’embrassaient à pleine bouche. Elle eut un petit rire gêné. Il lui passa le bras autour de la taille. Elle le