À partir de ce jour, elle se sépara de Fernande et ne découcha plus ; elle n’avait pas à se maquiller ni à revêtir son beau costume. Les locataires qui avaient envie d’elle venaient dans sa chambre. On lui donnait un « pourboire » en échange de sa complaisance. Bientôt même, elle l’exigea.
Les Lecouvreur s’alarmaient. Ils craignaient pour le renom de leur hôtel. Ils patientèrent cependant. Enfin, un matin que Renée descendait à dix heures, Lecouvreur, exaspéré, lui cria :
— Renée, faudra vous chercher autre chose !
Elle balbutia : « J’étais malade, patron… »
Mais Lecouvreur l’interrompit :
— Non ! Je vous crois plus. J’en ai marre. Allez faire la vie ailleurs que chez nous !
Il tapotait nerveusement le zinc du comptoir et sa voix tremblait de colère. Renée l’écoutait, les yeux baissés ; elle tortillait machinalement un coin de mouchoir entre ses doigts. Louise n’était pas là pour la défendre ; et d’ailleurs l’aurait-elle défendue ? Tout était fini entre elles deux. Elle ne répondit rien, jeta son tablier sur une table et monta dans sa chambre…
Paresseusement, elle s’étendit sur son lit ;