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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/142

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la tête sur l’oreiller, elle regarda longtemps le plafond. Plus d’un an qu’elle vivait ici. Eh bien ! quoi, elle irait chercher fortune autre part ! Les deux cents francs qui lui restaient de son mois lui donnaient une semaine de tranquillité.

Elle se leva et fit sa valise. Ce ne fut pas long ; elle n’était pas plus riche en linge qu’au moment où elle avait quitté Coulommiers. Elle jeta dans le seau, avec un tas de détritus et de bricoles, les souvenirs qu’elle avait gardés de son gosse. Puis elle décrocha son manteau. Elle était libre maintenant. Mais que faire de sa liberté ?

Elle haussa les épaules : « Ah ! je m’en fous, » soupira-t-elle. Et elle descendit prendre congé de ses patrons.

Lecouvreur, qui était bon bougre, lui proposa un certificat. Somme toute, personne n’avait eu vraiment à se plaindre de son travail. Elle refusa. À quoi bon ?

Les Lecouvreur lui tendirent la main. Louise, émue malgré tout, murmura : « Bonne chance. »

Renée prit sa valise et sortit. Où aller ? Indécise, elle s’arrêta sur le pont-tournant. Des péniches, qui semblaient porter dans leurs