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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/162

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compliqués qui leur arrondissaient la taille, des corsages fermés et des gants de coton qui cachaient leurs mains sèches.

Elles s’étaient fait une existence où l’imprévu ne pouvait trouver place. Levées à six heures, elles prenaient leur petit déjeuner ; puis, une serviette sur les cheveux, elles nettoyaient la chambre avec un soin que Louise donnait en exemple à ses clients. Julie était corsetière ; elle partait pour son atelier. Delphine, qui faisait de « la confection », s’installait près de la fenêtre et cousait jusqu’au déjeuner qu’elle prenait seule car sa sœur emportait son manger.

Le soir, Julie rapportait des provisions et Delphine préparait leur modeste dîner. Elles se mettaient à table, bien à l’aise, toutes deux, dans leur peignoir à ramages. Julie bavardait en mangeant : elle avait toujours quelque histoire d’atelier à raconter. Delphine, souvent, d’une petite phrase sèche, la remettait à sa place.

Elles se partageaient le journal qu’elles lisaient de la première page aux annonces. Delphine commentait les faits divers et tranchait sur tout. Sa sœur approuvait d’un signe de tête, l’esprit ailleurs… Des portes cla-