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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/163

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quaient, des jeunes gens criaient dans le couloir, interpellaient Fernande ou Raymonde.

« Quelle racaille ! » ricanait Delphine. Elle se levait et Julie l’entendait marmonner quelque chose sur « ces créatures ». Puis elle poussait le verrou de sûreté qu’elle avait exigé du patron, passait sa chemise de nuit et décidait : « Allons. Au lit ! »

Elles dormaient la fenêtre fermée. Julie, qui étouffait contre le mur, se tournait et se retournait sous les couvertures.

« Qu’est-ce que t’as ? » grognait Delphine. Étendue dans le lit comme dans un cercueil, sa poitrine maigre soulevée par une respiration régulière, elle se rendormait vite, tandis que Julie restait un long moment à lutter contre ses « lubies ».

… Les jours passaient, tous pareils. Au premier de l’an, les deux sœurs recevaient des nouvelles de la famille et écrivaient quelques lettres ; en juillet, elles s’accordaient une semaine de vacances au pays. Chaque samedi, elles allaient verser leurs économies à la Caisse d’Épargne et c’était leur seule sortie ensemble.

Aux premiers froids, Delphine attrapa la grippe et garda le lit. Julie descendit prendre