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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/168

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dans mes affaires », cria Julie. Et elle se laissa tomber sur une chaise.

— Oh ! tu peux pleurer, ça me touche pas, glapit Delphine. Je ne te permettrai pas de faire la vie comme nos voisines. Jamais, jamais ! Elle reprit haleine, et, d’une voix sifflante : « Moi aussi dans le temps, moi aussi j’ai failli céder… C’était avec un employé, j’avais plus de goût que toi ! Un soir, nous avions pris rendez-vous. Je l’ai attendu deux heures… pour rien ! »

Elle marchait rageusement, les bras battant le vide, la bouche tordue. « Tromper ta sœur ; me quitter pour ce voyou ! Ingrate ! Tu ne sortiras plus d’ici, tu m’entends ? Fini l’atelier. Tu vas te mettre à la confection, comme moi… que je ne te prenne jamais dans la boutique. Et ta photo… Tiens ! »

Elle la déchira en petits morceaux.

Julie n’écoutait pas. Accablée de honte, de désespoir, mais résignée déjà à son destin, la tête dans les épaules, elle sanglotait.