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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/172

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d’une réception que vont donner ses maîtres pour exiger de l’augmentation.

Le sketch était amusant. Le jeune Farges, en travesti, tenait le rôle de Rosalie. Raoul arpentait la chambre tandis que Suzanne, avachie sur une chaise, hurlait : « Mais, ma fille, c’est du chantage ! » Farges comptait sur le patois de Rosalie qui avait toujours un effet irrésistible.

Brusquement, un bruit de fanfare éclata et le jeune Farges courut à la fenêtre. « Papa ! la retraite aux flambeaux ! »

Tous les gens du quartier étaient dans la rue. Des enfants lançaient des pétards, d’autres brandissaient des lampions. Dominant les cris, on entendait les commandements de Gustave qui cherchait à discipliner la foule. Le cortège s’ébranla, suivit le quai de Jemmapes en braillant la Marseillaise, puis tourna rue Bichat. Les flons flons se perdirent.

— Reprenons, dit Raoul. Tu réponds à ta mère : « Madame, j’étions point disposée à vous servir pour rien. »

… L’heure de la représentation approchait. La « Chope des Singes », illuminée, ressemblait à un café-concert. Des banderoles et des guirlandes de fleurs pavoisaient gaiement la salle