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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/205

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chait à lui plaire, on se disputait l’honneur de lui offrir l’apéritif. Lorsqu’elle était absente, vite on courait interroger la patronne.

« Vous avez tous le feu au derrière, » répondait Louise. Elle savait à quoi s’en tenir sur sa cliente ; elle avait fait la « visite » de sa chambre, et, quand elle entendait vanter son talent de danseuse, elle ricanait. Même son mari qui gobait les balivernes de cette coureuse et qui la soutenait à tout propos !

Un soir, Denise arriva accompagnée d’un jeune homme qui rappelait certains camionneurs de Latouche. Il avait leur désinvolture, les moustaches coupées à l’américaine, le regard hardi ; comme eux il était coiffé d’une casquette, mais sa cravate, ses chaussettes de soie, parfaitement assorties à la nuance de son costume, rehaussaient sa tournure.

Denise se suspendait à son bras. Elle le présenta : « Mon ami. » Il y eut un froid, mais le nouveau venu offrit une tournée qui lui gagna les sympathies.

L’arrivée de ce blanc-bec faisait évanouir bien des espérances. Lecouvreur servait tout le monde en rechignant.