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Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/204

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s’assit à côté d’elle. Elle surprit le regard qu’il coulait vers sa gorge et fit le geste de mieux clore son peignoir.

— Vous allez vous plaire, ici ? demanda-t-il à voix basse.

Elle cligna de l’œil, et, tout en grignotant sa brioche.

— Jusqu’à présent, je n’ai pas à me plaindre d’être descendue chez vous.

Denise s’absenta tout l’après-midi, mais rentra pour l’apéritif. Ses amis de la veille l’invitèrent à leur table. « Ça vous crève de courir les magasins », dit-elle. Elle étendit ses jambes sur la banquette et agita sa robe comme pour s’éventer.

« Quelles manières ! » ronchonna Louise. Tout l’irritait dans sa nouvelle locataire. Elle s’approcha de son mari, « Tu sais, ta danseuse, si elle prend notre maison pour un bordel, je la fous dehors illico. »

Lecouvreur regarda sa femme de travers. « Laisse-la tranquille. Elle fait pas de mal. »

Au bout d’une semaine, Denise avait mis l’hôtel sens dessus dessous. On ne jouait plus au zanzi ni à la manille, on ne parlait plus politique. On entourait Denise, on cher-